Mangez tout local

Parce qu’on en a marre des fraises aux cœurs blancs, sans saveur, grosses comme nos poings, qui ont fait des centaines, voire même des milliers de kilomètres en camion pour se retrouver dans nos assiettes. Parce qu’il y a des gens près de chez nous avec qui nous pouvons établir une relation de confiance, sans devoir se fier à des sceaux ou à la bonne volonté de l’humain à ne pas vouloir intoxiquer son prochain avec des pratiques douteuses.

L’idée, ce n’est pas nécessairement de bannir tout ce qui vient d’ailleurs, mais plutôt de s’ouvrir un peu plus à ce qui se passe ici et de réfléchir à l’impact sociétaire et écologique de notre gourmandise.

Ouvrir un restaurant qui prône la cuisine locale en 2019, ce n’est pas qu’une question de hype ou de mode, c’est une question de principe. La plupart des fruits et légumes que nous achetons dans les épiceries viennent des États-Unis et du Mexique et ce, même lorsque lesdits légumes ou fruits sont en saison au Québec. On opte pour les produits de ces pays pour une question de prix et aussi, quand on est acheteur pour une énorme compagnie, de quantité. Il faut par contre penser au coût social et écologique de ce choix : l’argent que l’on envoie chez des producteurs étrangers ne se retrouvera pas dans les coffres de commerçants d’ici, ne servira pas à payer les salaires d’employés ou nourrir la famille d’un producteur maraîcher; les produits que l’on retrouve sur nos tablettes ont voyagé longuement pour s’y rendre, et ce dans des véhicules roulant plus souvent qu’autrement avec des énergies fossiles. Dans une époque où l’urgence climatique inquiète, où le commun des mortels se sent souvent impuissant devant l’amplitude du problème et se demande comment faire une différence, la consommation locale s’impose.

Oui, il y a la réalité des saisons. L’hiver est parfois long au Québec. C’est pourquoi nous devons renouer avec les techniques de conservation (cannage, fermentation, salaison, etc.) et bien profiter des périodes d’abondance. Il faut savoir aussi que la plupart des légumes racines se conservent super bien pendant la plus grande partie de l’hiver. Sans oublier les produits en serre qui ne manquent pas dans la région de Drummondville et dans les quatre coins du Québec!

Faire affaire avec des petits producteurs, c’est encourager des gens qui sont souvent beaucoup plus près de la nature et qui ont une meilleure conception de leur impact sur celle-ci. C’est aussi un monde de possibilité qui s’ouvre au restaurateur : déjà après notre premier année, nous avons développé des liens très forts avec des cultivateurs qui nous ont réservé une partie de leur production de l’année prochaine en nous demandant gentiment ce qu’on aimerait y voir pousser! Donc pour ceux qui croiraient que la cuisine locale, ça limite la créativité, au contraire, ça stimule bien des idées!

Des produits locaux dans vos assiettes, ça veut dire plus de saveurs pour vous et plus de support pour nos fermiers et fermières, maraîchers et maraîchères d’ici. Reconnectons avec notre terroir, pour le bien de l’environnement, de l’économie et de nos papilles!

Sur ce, mangez tout local!